C'est pas toujours simple ...

 




A quoi ça sert tout ça.

A quoi ça sert tous ces médicaments qui te font survivre mais qui réduisent quand même ta vie à cause des effets secondaires ?

Et puis quelle vie en fait ?


A quoi ça sert tout ça ?

Quand tu ne vis qu’une demi vie. Ou une vie transparente. Une vie de fantôme.

Quand les seuls sentiments que tu connais vraiment, ce sont la douleur et la peur.

Tous les autres sont bloqués au plus profond de toi. Du moins tu supposes.

Alors à quoi ça sert tout ça si c’est pour vivre ainsi ?


Tu supposes qu’un jour tu as connu le rire, le bonheur, le sommeil, la tranquillité, l’amour. Une photo de toi petite, les histoires qu’on te raconte. Aucun souvenir.

Putain, à quoi ça sert tout ça ? Pour en arriver là !

“Mais tu devrais être fière. Tu te rends compte de ce que tu as accompli.”

Fière de quoi ? D’avoir survécu ?

Accompli quoi ? Survivre jusqu’à 50 ans ?


J’ai peut être essayé un temps de vivre avec, de vivre malgré tout mais franchement je n’y arrive pas.

Cette douleur, cette rage, cette colère qui m’accompagnent chaque jour, c’est intenable et m’empêche de respirer, et pas au sens littéraire du terme. Cela m'empêche vraiment de respirer.


Le trouble bipolaire peut être déclenché par un traumatisme.

Cet inceste est, en partie, responsable, de mon trouble. J’aurais pu ne pas l’être …

Cet inceste est responsable de mon anxiété chronique, de ma paralysie du sommeil, de mes crises d’angoisses.

Cet inceste est responsable de mon incapacité à dire non, et donc du viol que j’ai subi à 17 ans, et tellement d’autres choses dans ma vie.


Je croyais que ma bipolarité était à l’origine de tout. J’ai toujours minimiser l’impact de l’inceste que j’avais subi car j’avais peu de souvenirs (peut être que c’était faux en fait ?), car quand j’ai essayé d’en parler on m’a fait taire (après mon non, c’est ma parole qui n’est pas entendue !), et puis je me rassurais en me disant que ça aurait pu être pire, ce n’étaient que des attouchements, il n’y avait pas eu viol (on fait ce qu’on peut pour survivre) !


Mais il y a eu Metoo … Les témoignages … Je me suis rendu compte que je n’étais pas seule. Enfin plus exactement, je pouvais voir, sentir, et même parler si je le voulais, avec des gens “comme moi”. Ce que je ressentais pouvait être exprimer.

Sauf que je n’arrive pas à vivre avec. Même après en avoir parlé. J’ai l’impression d’avoir brisé les murs qui m'empêchait d’avancer mais je suis paralysée.


J’ai toujours mal, la souffrance est toujours là. Voir pire. Car j’en ai conscience.

Lors de mes séances d’EMDR, aucun souvenir supplémentaire n’est revenu. Mais c’était la première fois que je racontais précisément ceux que j’avais. Par contre, une chose est remontée, un sentiment : la peur, la terreur que j’éprouvais dans ces moments là. Je l'ai ressenti physiquement, comme si j’y étais.

Et j’ai l’impression que ce sentiment ne me quitte plus totalement depuis.

A cause de ça, je me retrouve comme  l’enfant de 10 ans que j’étais : désemparée, terrifiée, triste et n’ayant aucun avenir. J’ai la sensation qu’il me contrôle encore et toujours.

Alors à quoi ça sert tout ça ? 


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